vendredi 25 septembre 2015

Le grand amour de Mademoiselle C.


Dans quelques semaines, ça va faire un an qu’on a coupé la suce de Mademoiselle C. Ça fera un an qu’on se bat contre la plus grande histoire d’amour de tous les temps.

Ma fille avait six suces. Pas qu’on soit compulsifs, simplement que quand on croyait avoir perdu celles qu’on avait, on en rachetait. Juste avant de le retrouver. Et plutôt que de les jeter ou de les ranger, je lui ai laissé dans son lit. J’espérais que la nuit, elle les trouve et se débrouille sans avoir besoin de nous réveiller. Ça ne coute rien de rêver !

L’Halloween. C’était LA date. Celle qui marquerait la fin. Ça a été le début de la guerre. Mademoiselle C. a donné sa suce (j’avais coupé les autres une à une, pour que le choc soit moins grand) à son cousin. Elle a demandé sa suce la moitié de la première nuit. Si on peut dire qu’elle l’a demandé. J’étais contente, je pensais que c’était déjà gagné.  Ah-Ah.

Oh, elle n’a pas redemandé sa suce. Elle était pleinement consciente de l’avoir donné à son cousin et que c’était fini.

S’endormir est devenu interminable. Se rendormir la nuit, presque impossible. On croyait que c’était seulement les premiers jours, qu’elle s’adapterait. On le croit encore. Mais on pense en années maintenant.

Elle a commencé à prendre la suce de sa petite sœur. D’abord lorsqu’elle l’a trouvait par terre ou sur un meuble, bref, lorsqu’elle était inutilisée. Puis, c’était directement dans la bouche de sa sœur. Les réprimandes, les conséquences, les réconforts, les tentatives de remplacement, rien ne l’a dissuadé. Encore aujourd’hui, j’ai dû l’avertir et j’ai eu droit à une crise quand je l’ai repris de force.

On est à la fin septembre. Ça va faire un an à l’Halloween. On croit encore qu’elle va réussir à faire son deuil. On est convaincu d’avoir fait la bonne chose en lui enlevant l’an dernier. On trouvait qu’elle commençait à avoir une relation malsaine avec le caoutchouc. Le besoin était trop grand, trop souvent. Elle respirait mal, la nuit, la bouche pleine. Elle semblait se réveiller juste pour son grand amour, pour s’assurer de l’avoir près d’elle.

On envisage de couper la suce de la petite, qui aura 17 mois dans quelques jours. Tant qu’à se battre avec une, pourquoi ne pas mener toutes les guerres en même temps ?





mercredi 16 septembre 2015

Prière à Saint-Joseph

source: le soleil de Floride


Salut Saint Joseph !

Parait que c’est toi le saint qui vend des maisons. Parait que si on t’installe la tête en bas devant la maison, on va réussir à vendre vite vite vite. Parait que tu travailles bien.

Ouain.

Je t’imagine, assis sur ton nuage, avec de la broue dans le toupet. Parce que des maisons à vendre, on ne se le cachera pas, il y en a des tonnes et des tonnes en ce moment ! Et tu dois avoir du mal à trouver un acheteur pour chacune.

Mais quand même !

Il y a 8 mois, nous avons mis notre maison à vendre. Dans le bon temps. Les années précédents, c’était à ce moment de l’année que les maisons autour s’étaient vendues. On a fait nos devoirs : on a regarder les prix, on a comparé les maisons. Surtout, on a fait un travail colossal de ménage et d’épuration. Parce qu’une famille de cinq, ça n’a pas juste besoin de cinq assiettes pis d’un divan.

On a fait du bon boulot. Me semble.

Notre objectif, c’était de déménager avant que l’ainé entre à l’école (c’était à la fin août !). Ça fait que dès que nous avons trouvé la maison qu’il nous fallait, nous avons foncé. Son état, son prix de départ, nos recherches et négociations nous ont permis de nous entendre avec la vendeuse à un prix  fort intéressant, un montant qui nous permettrait d’acheter avant de vendre la nôtre.

On était certains de vendre rapidement.

On s’est dit : on va pouvoir la rénover avant de déménager, évitant ainsi de « vivre » dans les rénos.  On a commencé à déménager l’essentiel au début juin, pour se sauver de la folie du 1er juillet. Nos rénos n’étaient pas tout à fait terminé, on n’avait pas de douche encore, juste un bain. On s’est dit : au pire, on ira prendre une douche à l’autre maison si ça nous manque trop.

On ne l’a jamais fait.

On a pris notre temps en juin pour finaliser le déménagement et ensuite faire un gros ménage. On a refait une visite libre, la maison vraiment libre. On a ajouté une douche à notre nouvelle maison. On a tricoté serré pour arriver financièrement, parce que nous, on pensait vendre vite et on n’avait pas gardé assez de sous pour palier aux petites surprises survenues durant l’été. On s’est dit, avec la rentrée, ça va se placer, on va être correct.

Sauf que non.

Faut encore garder des sous parce que la maison, on l’a encore en notre possession. On doit prévoir à long terme, parce que la maison n’a pas encore trouvé son acheteur. Pendant ce temps, on entretient une maison vide. Une sapré belle maison ! Mais qui a un peu de mal à rivaliser avec les maisons neuves en haut de la côte et les maisons de son âge avec un peu moins d’attribut.

Donc, si jamais tu trouvais ton deuxième souffle, si jamais tu avais un petit regain, une petite lueur (ou même de la pitié, on prendrait n’importe quoi) j’apprécierais Saint-Joseph que tu milites en notre faveur. Que tu nous envois notre acheteur et qu’on s’entende bien et rapidement. Que cette maison qui a fait notre bonheur revive à nouveau sous de nouvelles couleurs. Qu’elle soit parfaite pour quelqu’un d’autre, qu’elle voie s’épanouir un autre amour.

Pour que nous, on puisse recommencer à vivre aussi.

Pis peut-être que si ça arrive, si on vend, je vais avoir le goût de t’allumer un lampion pour te remercier.


Ah pis au cas où tu ne l’aurais pas encore vue, voici NOTRE ANNONCE



 PS  Après ça, t'ira voir mes cousins, mes voisins pis mes amis. Eux autres aussi essaient de vendre !