samedi 20 septembre 2014

Le détachement

Il y a trois semaines, mon grand soleil a commencé la prématernelle. Jusque là, il était en tout temps avec moi à la maison. Et avec ses petites soeurs. Et avec papa à temps partiel. Depuis trois semaines, il passe trois avant-midi par semaine... ailleurs. Pendant trois heures quelqu'un d'autre (bon, elles sont 3...) le surveille, le regarde, lui enseigne, lui prend la main, reçoit ses sourires, écoute ses mots, assiste à ses essais, ses erreurs et surtout, ses succès.  

Depuis trois semaines, je le vois s'épanouir. Depuis trois semaines, j'apprends le détachement. Trois matins par semaine, je laisse mon petit soleil entre les mains de quelqu'un d'autre. Le milieu est génial, oui ! Les professeurs aussi ! Mais moi, j'étais habituée à avoir sa chaleur dans la mienne. J'étais habituée à voir tous ses sourires et entendre tous ses mots. J'étais habituée à être là, toujours. Dans toutes les situations.

Le détachement. Je vais le reconduire trois matins par semaine. Il est tout excité, un peu nerveux je crois. Il connaît déjà tous les gestes à poser quand il arrive :  se déshabiller, changer ses chaussures, aller porter sa collation dans son casier et commencer la journée. C'est à peine s'il pense à me dire bye ! Et moi je repars, avec mes deux autres soleils, avec un petit vide dans le ventre. J'ai déjà hâte de revenir le chercher. Et quand je reviens son sourire et sa course vers moi me rempli le petit vide ; il est content de me revoir !

Le détachement. J'ai toujours fait confiance à mes soleils. Et ça ne changera pas. Là, c'est un nouveau contexte pour nous. Ma confiance doit s'adapter. Le plus dur, c'est d'apprendre à lui faire confiance dans l'expression de ses besoins, de ses désirs. Et aussi dans sa façon de gérer une déception s'il n'obtient pas ce qu'il veut, ce qu'il aime, ce qu'il convoite. Ce qu'il doit faire à merveille ! Mais moi, j'apprends à me détacher de ça puisque ça lui appartient. Je ne suis plus sa voix, comme je l'ai été et le suis encore quand il est avec moi. En tant que maman, c'est un peu dans ma description de tâche de vouloir le meilleur pour lui et de vouloir lui éviter toute déception...

Le détachement. Hier, il a eu quatre ans. Il a demandé à papa de venir le reconduire à la prématernelle. Pour la première fois, je l'ai regarder partir de la maison. Le petit vide dans le ventre, je me suis (presque) réjouis que papa ne soit pas disponible plus souvent pour aller le reconduire...

Je serai toujours là pour lui, pour le guider dans son chemin de vie. Je suis consciente qu'il doive faire des expériences seul. Je suis heureuse et reconnaissante de ces années de fusion que nous avons vécu. Je suis fière maintenant de la voir grandir avec des copains. Mon grand soleil mérite que d'autres lui enseignent et participent à son épanouissement.

Et moi, j'apprends le détachement. Avec un petit vide dans le ventre. Son plaisir en vaut la peine ! Ce serait égoïste de la garder avec moi encore, de l'empêcher de vivre (une expérience aussi enrichissante).  

Aucun commentaire:

Publier un commentaire